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28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 15:03
   "Je n'ai déjà plus de gloire... Il faut aller en Orient. Toutes les grandes gloires viennent de là." confesse le petit Bonaparte.
   Devant Fabien, le fan enamouré, le voisin un rien censeur soulève un sourcil :
   - Ah bon ? Il n'est déjà plus question de propager la République ? L'aveu, mes aïeux ! Il est tout nu le petit général. A poil !
   Rien d'un brave à trois poils, en tout cas, pour faire accepter au Directoire l'idée d'une expédition en Egypte. Quel homme, tout de même !
   - Ouais, fait le voisin. Le petit ambitieux veut marcher dans les traces des grands conquérants; il y aurait comme un égarement dans le casting ! ça tient du ratage de portrait robot...
   Quoiqu'il en soit, Bonaparte s'embarque avec une armée et une escorte de savants et d'artistes. Les voilà devant Aboukir où ils débarquent pour s'emparer d'Alexandrie. Quand les Mamelouks veulent les arrêter au pied des pyramides, Bonaparte fait former les carrés d'infanterie et remporte la bataille.
   - C'est là que les soldats galéjaient : "Les savants et le ânes au milieu !" ?
   Ces savants, s'enthousiasme Fabien, ils en ramèneront des monceaux de documentations et... la pierre de Rosette. Malheureusement, l'amiral Nelson a découvert le mouillage de la flotte française et la coule ! Prisonniers, les Français sont prisonniers de l'Egypte !
   - Quel aventurier hollywoodien, ce Petit-Léon...
   Et ce n'est pas tout : le Sultan déclare la guerre à la France et veut reconquérir l'Egypte.
   - Logique, non ? Et l'aventurier se déchaïne : que je te courre à Gaza, que je te terrasse Jaffa, que j'enlève le Mont-Thabor... mais à Saint-Jean-d'Acre, aïe, un os ! retraite... L'armée n'était pas un peu épuisée ? décimée doucettement par la peste ?
   C'est le lot des campagnes militaires. Hélas, ensuite il y a eu ce soulèvement général des Egyptiens...
   - J'ai lu ça : 2 500 victimes et une mosquée. C'est le lot des campagnes coloniales...
   Et puis, de France, des nouvelles inquiétantes lui parviennent. Il s'embarque subrepticement sur une frégate rescapée et parvient à traverser les lignes anglaises.
   - Alors là, minute : on a beau dire, on a beau s'esbaudir, il a déserté le petit monsieur. Il abandonne son armée au commandement de Kléber dans une situation sans issue. D'ailleurs, Kléber y perdra la vie et l'armée d'Egypte capitulera. Grosse réussite.
   Enfin, ce sont les aléas de la fortune ! Il n'en demeure pas moins qu'un bon bougre, aussi habité par l'esprit de famille, ne peut pas être foncièrement mauvais. Rendez-vous compte : il installe son frère Joseph sur le trône d'Espagne (les historiens notent : "Napoléon avait donné un nouveau visage à l'Europe")... On pourrait dire une flopée de nouveaux visages : le royaume de Hollande est attribué à son frère Louis ; pour Jérôme, autre frère, il crée le royaume de Westphalie ; Napoléon, lui, s'était donné le royaume d'Italie avec Venise et Milan (le vice-roi en était Eugène de Beauharnais, son beau-fils !) ; à Naples, il fait roi Murat son intrépide officier de cavalerie mais aussi son beau-frère, époux de Caroline Bonaparte ; et en Etrurie, c'est une autre soeur qu'il fait reine. Pas banal, non ? J'en connais qui peuvent bien aller se rhabiller.
   - Comme exemple de népotisme, le fait est, c'est grandiose ! Le mot qui vient de l'italien "nepote" signifie, non pas comme je l'ai cru longtemps, attribuer des avantages à ses potes, non, mais procurer emplois et privilèges à sa famille. Dans les cas présent, Petit-Léon aura confondu l'Europe avec une tarte aux pommes.
   N'importe. Je le dis comme je le pense : il ne méritait pas cet incroyable caveau de parvenu, ce sarcophage de porphyre dans la crypte des Invalides, que l'on fait visiter sans honte aux touristes !
   - Bien que...
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