FUITES, TRANSPARENCE, DIPLOMATES, HACKERS, ESPIONNAGE, WIKILEAKS, JULIAN AUSSANGE
Publier des télégrammes diplomatiques (classés confidentiels par essence) échangés entre le Département d'Etat et ses ambassades de 2004 à 2010... quand la diplomatie a pour but d'assurer des contacts entre Etats dans la paix, n'est-ce pas douteux ?
Quelle est la motivation de ce Wikileaks ? ("leaks" signifie "fuites", nous étions prévenus...)
Il faut savoir qu'il dépend entièrement des donations. Ses "coups" les plus médiatisés sont faits pour provoquer l'intérêt du public et, par là même, sa générosité. Wikileaks nage dans le paradoxe : il prétend imposer "la dictature de la transparence" (rien de moins !) alors qu'il s'est donné une structure secrète; un réseau souterrain... compartimenté.
La polémique a provoqué la discorde chez Wikileaks du fait de la campagne menée par Julian Aussange; une députée islandaise, un hacker allemand ont pris leurs distances. A l'origine, on trouve le Chaos Computer Club (CCC, groupe réputé de hackers berlinois), le parti pirate suédois, le mouvement "cyber-libertaire" islandais. C'est justement dans une Islande à la législation très libérale que Wikileaks veut se réorganiser. Liée au CCC, une fondation berlinoise demeure préposée à la levée des fonds. De sorte que Wikileaks devient un authentique "bizness" (rapport d'activité prévu en août 2011).
Voilà pour la motivation !
Curieusement, cinq journaux occidentaux publient les fuites de Wikileaks ! ("Le Monde", le "New York Times", "The Gardian", "Der Spiegel" et "El Païs") Saint Scoop... Ils légitiment la parution au nom du "devoir de transparence", disent agir avec responsabilité : "C'est sans doute ce qui nous distingue de la stratégie de fond de Wikileaks."
Dominique Wolton s'insurge : "Ici, il ne s'agit pas d'enquête mais de fuites... invérifiables parce que secrètes !"
Ces révélations mettent à nu le travail des diplomates. De tout temps les ambassades ont caché des espions, c'était des "attachés"; pas des diplomates. La mission du diplomate est triple : représenter, négocier et observer ("tendre l'oreille" et faire rapport à son ministre sur la situation intérieure).
Seulement voilà : sous Bush, Condoleeza Rice avait demandé aux diplomates de faire du renseignement... (!) Hillary Clinton serait allé plus loin (télégramme du 31:juillet 2009) : espionner les diplomates étrangers aux Nations Unies ! Obtenir les données bancaires personnelles, le mot de passe du mail, le numéro de téléphone, des "informations biométriques" (ADN, scanner des yeux), les clés d'encryptage personnelles pour... accéder aux textes cryptés de certains télégrammes confidentiels !!
Nous y revoilà...
Du coup, Wikileaks retrouve une vertu !!!