Tout a commencé avec cette paluche vicelarde, façon 2009, tricherie éhontée. Qualification inespérée ! injuste ! honteuse !
Depuis le temps, Fabien avait fini par oublier jusqu'à la manière. (pas le seul !). Mais le compte à rebours des jours nous séparant du début de cette coupe du monde de foot 2010, a fait que la tension s'est propagée telle la peste de Syracuse... Et Fabien en est frappé.
Le problème avec lui, c'est qu'il s'entiche ! De pas mal de célébrités. Mais successivement, à son rythme, l'une après l'autre. Que voulez-vous, il a une nature profondément admirative. Cela s'appelle positiver, non ? Le tracas, c'est que son emballement devient l'unique sujet de conversation. Quoique vous disiez, son bavardage revient à sa seule préoccupation, tel un boomerang encore sous garantie. C'est juste un peu éprouvant...
Il est victime de ceux-là mêmes qui jouent la grenouille de la fable sous l'oeil éberlué, et comme frappé d'éblouissement, du "grand public" (pour reprendre une expression consacrée). Cependant, vous le plongeriez dans le plus grand des embarras si vous lui demandiez la différence existant entre un pénalty et un tir arrêté. Mais vous n'êtes pas sadique, du moins pas à ce point.
Il faut dire que la tocade ne manque pas de perspectives alléchantes. Comme celle de se maquiller chaque joue aux couleurs nationales : vous voilà drapeau revendiqué, acteur gesticulant assumé. Ma foi, pour un peu, presque le douzième homme. Hé : "On-a-gagné !... on-a-gagné !". Avouons que la voix de Fabien est robuste et ne craint guère l'enrouement. Nous verrons bien...
Et puis il ya l'écran géant devant lequel, au spectacle d'un but "des nôtres", vous ne pouvez que danser sur place, l'enthousiasme faisant souvent office de trompoline. Qui dira le nombre de vocations de champions de saut en hauteur, révélées par l'exercice...?
Le lever de verres, également très important le lever de verres ! Que ce soit dans un séjour ou l'arrière salle d'un bistrot, l'un ou l'autre soudainement consacré au culte du foot. Fabien n'y sera sûrement pas le dernier. Rites profanes tolérés par l'Eglise qui guetterait bien la moindre déconvenue pour tenter de substituer la foi du charbonnier à l'aveuglement partisan...
Vu que nombre de joueurs se signent en entrant sur le terrain, et même s'embrassent dévotement le bout des doigts (dans la foulée, si l'on peut dire), ce n'est peut-être pas si mal raisonné.
Remarquable de même, la roublardise du produit dérivé. La palme en revient au maillot de joueur avec nom du sportif en toutes lettres. Une fois enfilé, il vous métamorphose le falot Fabien en inconditionnel arrogant, le valet résigné en maître de son destin, le timoré en fier-à-bras.
Et que dire du frémissement des filets sous le choc du ballon rond ? Il provoque l'irruption d'une catégorie mentale qui a tout du phénomène élémentaire. Y est ! Y est pas ! Pas d'autre alternative.
- Ah, bon ? Et les poteaux ?
- Y est pas !
- Et s'il frappe le poteau et rentre ?
- Là, tu compliques.
Rendez-vous ce soir ??? Forcément ???