Le père Louis ne décolère pas après l'attitude désinvolte de Grimbert dans l'émission d'Yves Calvi. Alors que je relis Pierre Bourdieu analysant la télévision :
" Il faudrait en venir aux débats [...] il y a des débats vraiment faux qu'on reconnaît tout de suite comme tels. Quand vous voyez, à la télévision, Minc et Attali, Minc et Sorman, Ferry et Finkielkraut, Grimbert et autres... etc, ce sont des compères... [...] Ce sont des gens qui se connaissent, qui déjeunent ensemble, qui dînent ensemble.
"Par exemple, dans une émission de Durand sur les élites que j'avais regardée de près [...] il y avait Attali, Sarkozy, Minc... A un moment donné, Attali, parlant à Sarkozy, a dit : "Nicolas...Sarkozy". Il y a eu un silence entre le prénom et le nom : s'il s'était arrêté au prénom, on aurait vu qu'ils étaient compères, qu'ils se connaissaient intimement, alors qu'ils sont, apparemment, de deux partis opposés. Il y avait là un petit signe de connivence qui pouvait passer inaperçu. En fait, l'univers des invités permanents est un monde clos d'inter-connaissance qui fonctionne dans une logique d'auto-renforcement permanent. [...] Ce sont des gens qui s'opposent mais de manière tellement convenue...
"A propos de quelqu'un qui parle à tort et à travers, les Kabyles disent : "il m'a mis l'est en ouest". Ce sont des gens qui vous mettent la droite en gauche. Est-ce que le public est conscient de cette complicité ? Ce n'est pas sûr. Disons peut-être."
Ce ne serait pas là un texte à faire étudier dans les écoles ? En instruction civique... ?
Et Pierre Bourdieu ajoutait : "Lisez le journal de Jacques Julliard, L'année des dupes, vous verrez comment ça marche."
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